Un policier de Seine-Saint-Denis a été mis en examen mercredi pour "homicide volontaire" après avoir tué un homme recherché, sa version de la légitime défense ayant été mise à mal par l'autopsie et un témoignage, selon lesquels la victime a été tuée d'une balle dans le dos.
Le policier de 33 ans a été placé sous contrôle judiciaire, avec notamment l'interdiction d'exercer.
L'affaire remonte à samedi soir: des policiers de Noisy-le-Sec sont prévenus par un appel téléphonique anonyme qu'un homme recherché pour des vols à main armée se trouve dans le centre de la ville, a expliqué le parquet de Bobigny mercredi dans un communiqué.
Quatre policiers partent à la recherche de cet homme de 28 ans, contre lequel un mandat d'arrêt a été délivré: il n'avait pas regagné la prison de Châteaudun (Eure-et-Loir) après une permission de sortie en juin 2010. Son casier judiciaire portait mention de "onze condamnations, notamment criminelles pour des faits de vols avec arme".
Trois des policiers sont à pied, un quatrième en voiture. Ce dernier a affirmé aux enquêteurs s'être retrouvé en face du fuyard, qui "l'aurait alors visé en tendant son bras armé vers lui". Le policier a tiré à quatre reprises contre le jeune homme, qui est décédé peu après.
Mais l'autopsie et un témoignage vont à l'encontre de la version de la légitime défense. "Les conclusions de l'autopsie établissent que (la victime) a été mortellement touchée par une balle entrée à l'horizontal dans son dos", écrit le parquet.
Appel à manifester
Ce dernier souligne "la contradiction entre les déclarations du fonctionnaire de police affirmant avoir tiré en état de légitime défense face à un individu qui le visait de sa propre arme et les conclusions de l'autopsie".
Par ailleurs, un témoin qui était en voiture a relaté "avoir assisté à une scène de course poursuite (...) au cours de laquelle un homme faisait feu en direction d'un fuyard", rapporte le parquet.
Et si l'homme en fuite était armé d'un revolver approvisionné, il n'en a pas fait usage. La grenade qu'il a lancée "s'est révélée a posteriori inoffensive", indique le parquet.
Une reconstitution a eu lieu mardi soir.
Le policier a été placé en garde à vue lundi et déféré mercredi devant le parquet qui a ouvert une information judiciaire du chef de "violences volontaires avec arme par une personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner". En mettant l'agent en examen pour "homicide volontaire", le juge d'instruction a donc été plus loin que le parquet dans les éléments retenus contre le policier.
Mercredi soir, le principal syndicat des gardiens de la paix Unité-SGP police devait manifester devant la direction territoriale de la sécurité publique (DTSP) à Bobigny pour protester contre cette mise en examen.